L’agroclimatologue d’ITK, Serge Zaka, aborde dans le dernier podcast La voix de l’élevage du Space, l’adaptation des éleveurs aux évolutions du climat et le rôle des scientifiques à leurs côtés.

Soleil et vaches11 épisodes de fortes chaleurs ont été enregistrés en 2022. (©Pixabay)

Dans l’épisode 20 du podcast La voix de l’élevage du Space, Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK revient sur les conditions météo de l’année 2022 : « plusieurs blocages anticycloniques sur l’Europe de l’Ouest ont eu pour conséquences des températures anormalement élevées : 11 épisodes importants de chaleurs, au-dessus des normes et trois canicules. » 2022 a donc été l’année la plus chaude mais aussi l’année la plus sèche en France.

Les conséquences pour l’agriculture ont été fortes : pertes de rendements notamment en tournesols, en maïs et pour les prairies (- 33 % au niveau national à la sortie de l’été) mais aussi baisse de la production de lait. Sans compter les effets sur la reproduction des bovins, comme l’a expliqué récemment à Web-agri Ronan Allo, échographe bovin, qui a constaté dans certaines fermes « jusqu’à deux fois plus de vaches vides ».

Face à cette évolution du climat, Serge Zaka rappelle que si l’agriculture émet des gaz à effet de serre, elle est aussi la seule activité économique à en stocker grâce à la photosynthèse des plantes. Il faut donc miser sur le développement des haies, de l’agroforesterie, des prairies pour développer encore davantage ces capacités de stockage. C’est ce que font de nombreux éleveurs.

De leur côté, les scientifiques doivent apporter selon lui, un appui technique aux agriculteurs en travaillant sur des innovations technologiques qui pourront les aider dans cette voie : des outils de monitoring pour savoir d’où proviennent les gaz à effet de serre, des races d’animaux plus résistantes aux coups de chaud, des espèces de prairies plus productives face aux fortes chaleurs.  

« Je travaille sur le scénario d’un réchauffement de + 2°C et sur l’adaptation des races et cultures au climat dans 20 ou 30 ans. Quels sont les effets des hivers doux sur les cultures ? L’impact des sécheresses et canicules sur la pollinisation du maïs, sur la production de la prairie, sur le remplissage du grain du blé… Il peut y avoir des effets positifs comme des rendements de blé en augmentation dans certaines régions, en Normandie ou dans les Hauts de France, et des effets négatifs ailleurs, notamment sur les prairies et maïs dans le sud de la France. »