Effluents d'élevage et azote minéral : le combo gagnant pour maximiser la production d'herbe (et de qualité). Bien employés, les effluents peuvent permettre de réduire la part d'azote, mais attention à ne pas rogner sur les rendements, ce qui pourrait pénaliser le bilan fourrager de l'exploitation...

Tas de fumierUne bonne gestion de l'herbe passe aussi par sa fertilisation. (©Pixabay) 

« Les effluents d'élevage sont une mine d'or à valoriser ! » À l'occasion d'une journée technique sur la ferme expérimentale des Bordes (36), Arvalis a rappelé leurs vertus : « Pour une prairie temporaire moyenne par exemple, enrubannée puis pâturée, présentant une proportion de légumineuses d'environ 10 %, un apport de 15 t/ha de fumier de bovins permet de combler 55 % de ses besoins. Le reste doit l'être par l'azote minéral. »

La valeur des effluents d'élevage

Dans ce contexte inédit de prix des engrais, les effluents d'élevage prouvent une nouvelle fois leur importance. Fumiers, lisiers, de volailles, de porcs, de bovins, raclés, paillés, stockés au champs ou en fumière... Il en existe de toutes sortes et de compositions différentes, d'où l'importance de les faire analyser avant épandage.. Et les techniciens insistent : « Les effluents n'apportent pas que de l'azote, ils constituent aussi de grosses sources de P et K, notamment les fumiers. »

Des valeurs intéressantes mais qui peuvent être perdues avant même l'épandage. Et ces pertes peuvent être importantes : jusqu'à un tiers de l'azote contenu initialement dans le fumier (perte par voie gazeuse). Un moyen d'y pallier serait la couverture du tas, voire le tassage et la couverture. Le compostage est le processus qui présente de plus de pertes sous forme NH3 à cause des retournements (jusqu'à 50 % sur toute la période de compostage).

La valorisation des effluents d'élevage

L'azote est présent dans les effluents sous différentes fractions, ce qui fait varier leur valorisation par les plantes. Pour calculer la quantité d'éléments apportés par la dose épandue, on utilise le coefficient d'équivalence (= équivalent N engrais minéral/N total apporté par le produit organique) :

Période d'apportType de produitAutomnePrintempsRégion régulièrement arroséeRégion à déficit estival marquéRégion régulièrement arroséeRégion à déficit estival marquéFumier de bovins et ovins0,30,20,10,05Compost de fumier bovins/ovins0,250,150,050Fumier de porcins0,40,40,40,4Compost de fumier de porcins0,20,20,20,2Lisier de bovins0,60,5Lisier de porcins0,60,5Fiente de volaille0,60,5Coef d'éq P2O5 = 0,6-0,95 ; coef d'éq K2O = 1

Exemple : Épandage sur prairie à l'automne de 15 t/ha de fumier de bovin sur litière accumulée :

N totalP2O5K2OCompositiong/kg produit brut5,92,89,5Coef d'équivalenceg/kg produit brut0,250,81Apport efficace22 kg/ha33 kg/ha152 kg/ha

« Cet apport de fumier équivaut à 67 kg/ha d'ammonitrate 33 + 75 kg de super 45 + 235 kg de chlorure de potasse 60. » Reste ensuite à prendre en compte la cinétique de minéralisation de l'azote organique.

Réduire la fertilisation azotée des prairies ?

La fertilisation est certes indispensable pour pouvoir récolter des fourrages de qualité (cela est d'autant plus vrai pour les fauches précoces qui sont à privilégier), mais peut-on réduire les apports d'azote minéral ? Avant de lever le pied, il faut calculer les stocks (le report de stock principalement), lister ses besoins et définir le rendement à réaliser... « Si le rendement à réaliser est inférieur à 3 t MS/ha, on peut l'atteindre sans engrais », expliquent les experts d'Arvalis.

D'autre part, avant de diminuer les apports d'azote, et donc les rendements, il faut être bien certain de pouvoir acheter du fourrage sur pied pour compenser un manque éventuel sur la ferme (et que cet achat en vaille le coût !). « L'autonomie du système fourrager est à privilégier », insistent les conseillers.